La ferme de Couard (1) (1203-1790)
De JP. Dagnot & C. Julien (Chronique du Vieux Marcoussy - Janvier 2009)
- Avec l'aimable autorisation des auteurs -

Extrait de la carte de la "Prévosté et vicomté de Paris" par G. Delisle (1711).

Extrait de la carte de la "Prévosté et vicomté de Paris" par G. Delisle (1711).

Cette chronique relate l'histoire de la ferme de Couard située à Ollainville (Essonne, canton d'Arpajon) sur le plateau de Saint-Eutrope dominant la vallée de la Sallemouille au nord et celle de la Rémarde au sud. Deux orthographes dominent selon la terminaison avec un -d ou un -t. Jusqu'au XVIIe siècle, les notaires et les cartographes écrivaient "Couart ", comme Anville sur la carte de l'Académie royale des Sciences (1678) et Delisle sur la carte de la vicomté de Paris (1711). Puis, ceux du XVIIIe siècle adopteront "Couard" comme Cassini (vers 1770).

Sur son magnifique plan de la région de Marcoussis, Malte-Brun écrit "Coüard", avec un ü-tréma. Cette carte mentionne plusieurs lieux-dits : la plaine de Couard, grande et petite garenne de Couard, bois de Couard, carrefour de Couard. On note également le "chemin des Meuniers" qui évoque bien la présence des fermes de Couard et de Trou et le "chemin des Cotes Sainte-Catherine" qui évoque la présence du célèbre prieuré parisien au Moyen Âge.

Pour finir avait le toponyme, rappelons ce que dit l'abbé Lebeuf "ce mot Couar est le même que porte une montagne proche Autun sur laquelle est la pyramide qu'on croit couvrir le tombeau de Divitiacus, célèbre capitaine gaulois" (1). Ainsi, les noms Couard, comme Le Fay auraient-ils des origines gauloises ?

Les anciens documents

Comme toutes les exploitations agricoles de la région, il semble que la ferme de Couard était bien installée sur le plateau forestier dès la fin du XIIe siècle. Cette ferme était issue des défrichements opérés par l'abbaye parisienne de Saint-Denis qui posséda le fief épiscopal du Hurepoix sous les Carolingiens. Mentionnons également que la ferme de Couard a toujours été placée sur le territoire d'Ollainville dans la dépendance de la paroisse de Bruyères-le-Chastel dont le prieur-curé était dîmeur.

Entre 1203 et 1220, une transaction est passée entre le prieur de Bruyères et ses trois hommes de Couart , Guillaume, Payen et Pierre, énumérant les redevances et corvées annuelles dues par chacun d'eux et leur interdisant le démembrement ainsi que l'abandon de leurs tenures sans volonté du prieur. L'abbé de Saint-Florent et son chapitre ont approuvé cette transaction. Le texte latin mentionne les habitants de la terre de Couart "terram de Couart inhabitantes, masuris…".

Le célèbre abbé Lebeuf parle des difficultés entre le prieur de Bruyères et ses sujets de la terre de Couart qui auraient été arbitrées au XIIIe siècle.

En 1574, Lucas Petit, laboureur demeurant à Couart, nomme en blanc un procureur pour plaider contre Thomas de Balsac, au sujet de la moitié d'un bien. Dix ans plus tard, Mathurine Guignet, veuve de feu Lucas Petit, demeurante à Couart paroisse de Bruyères-le-Chastel "en son nom et comme tutrice de ses enfants mineurs confesse avoir ceddé à Jullien Petit, laboureur demeurant à Bailleau, tous les droits de bail faits par le seigneur de Soucy des dixmes de grain qu'il avoit droit de prendre chacun an au terroir de Loppigny et la Forest, moyennant six sextiers de bled seigle et troys septiers avoyne à 21 boisseaux par septier".

Les fermiers de Couard au XVIIe siècle

Plusieurs actes notariés du XVIIe siècle donnent les noms des fermiers travaillant à la ferme de Couard. Le 16 mai 1618, Aubry Forterye, laboureur demeurant à Couart paroisse de Bruyères-le-Chastel, vend "ung arpent en trois pièces" à noble homme Claude Dumoulin, receveur (sieur du Houssay à Marcoussis)... Un second acte daté du 3 juin 1619 mentionne "Aubin Sorterye, laboureur demeurant en la ferme de Couart et Marie Trotier, sa femme".

Puis, les actes suivants nous apprennent que la ferme de Couard est la propriété du prieuré Saint-Didier de Bruyères-le-Châtel (2). En 1641, Abraham Ribier, prestre commendataire du prieuré Saint-Didier de Bruyères, baille à titre de ferme et loyer prix d'argent la métairie de Couard, pour neuf années, à Noel Foiset, demeurant au Fay. Six ans après, Noel Forset, demeurant à Linois, transporte le bail de la ferme et métairie à François Bouillette, laboureur, "ladite ferme deppendant du prieuré Saint-Didier de Bruyères qui consiste en maison manable, bastimens, eddifices avec touttes les terres et pastures, couppes de de boys taillis,..., moyennant 270 livres de loyer".

Le bail est renouvelé pour neuf ans par Messire Abraham Ribier, le prieur de Saint-Didier, au profit de François Bouillette en 1648 "c'est à sçavoir la ferme et mestairye appellée la ferme de Couart size en la paroisse de Bruyères-le-Chastel et consistant en plusieurs édifices et bastiments appliqués en logement pour le fermier, grange, escurye et autres édifices, court, jardin, terres labourables, friches, lizières et bois, touttes ses dépendances comprises en bail à loyer…". Les dîmes sont perçues par le sieur Noël Frichot, demeurant au Fay, paroisse de Linas "touttes lesquelles dixmes le sieur Bouillette admet et cognoistre". Le fermier s'engage à fournir du fourrage jusqu'à concurrence de 6 livres livré à la maison du bailleur et cinq cents fagots et quatre cordes de bois provenant des bois de la ferme de Couard et "en outre moyennant le prix ret somme de 350 livres et six septiers et mine d'avoyne bonne, loyale et marchande mesure dudit Montlhéry…". Le fermier s'engage à payer "les fruictz de la première année 1647 au jour et feste Saint-Martin d'hiver".


Signatures des intervenants au bail de la ferme de Couard (1648).

Signatures des intervenants au bail de la ferme de Couard (1648).

En 1650, François Bouillette, laboureur en la ferme de Couard confesse avoir transporté pour l'année présente, au sieur Pasquier, laboureur demeurant au Fay, les droits de dixmes qu'il a droit de prendre sur la ferme du Fay venant du prieuré de Bruyères, moyennant trois septiers d'avoine. En 1656, Charles Vouchard est qualifié de laboureur demeurant à la ferme de Couard, paroisse de Brière-le-Chastel.

Trois ans plus tard, Jacques Chardon, docteur en théologie, conseiller et aumosnier du roy et prieur commendataire du prieuré Saint-Didier de Bruyères, baille et délaisse à titre de ferme à Anthoine Moullin, laboureur de Saint-Michel-sur-Orge, "c'est à savoir la ferme et mestairye de Couart, situé dans la plaine de Montlhéry, jusqu'à six années, comme en avait joui Charles Vouchard, tant en terre, pasture que préz qui deppendent dudit prieuré, item la dixme du Fay et la despouille de la Garenne... Le bail fait moyennant la somme de cinq cents livres tournois à payer au bailleur en sa maison de Paris". Le bailleur de sitation aisée, considère sa charge de prieur comme une source de revenus et préfère demeurer à Paris.

En 1678, François de Dinan, prévost, juge civil et criminel commissaire enquesteur examinateur pour sa majesté à Montlhéry, Jacques Robert, ..., demeurant à Dourdan, Louise Robert, veuve Jean Gosset, demeurant à Montlhéry, lesquels ont vendu à Jacques Deslandes une couppe de bois près de la ferme de Couart et Troux moyennant 5.500 livres. Un autre acte du même jour entre Louise Robert, Jacques Robert, et François de Dinan pour sa femme Jeanne Robert estant héritiers de deffunt Jacques Robert, assesseur en l'élection de Dourdan, et Louise Asselin, leur père et mère, pour délibérer sur la pièce de bois de Couard et faire une convention de propriété. Il s'agit de la famille des Robert, seigneurs de Laÿ (les-Roses) qui ont des biens dans la région et notamment la ferme de la Forêt à Bruyères.

Couard aux religieuses de la Saulsaye

Deux documents datés du 11 août 1728 nous donnent des renseignements de première importance sur la ferme de Couard. Le premier est un plan des bois, dépendant de la ferme de Couard, mesurés par le sieur Desquinemare "arpenteur général des eaux et forest du département de Paris". L'intérêt réside dans le plan des bâtiments de la ferme avec les mares. Un second plan semblable nous apprend que ces biens appartiennent "aux dames abbesses religieuses du couvent royal de la Saulsée". Il s'agit du prieuré Notre-Dame de la Saussaye à Villejuif (3). Nous verrons dans l'histoire du prieuré de Bruyères que ce dernier a fait les frais d'une donation royale à ces religieuses et mettant fin ainsi à la charge du prieuré.

Devant Nicolas Claude Dupuy, notaire royal au Châtelet de Paris, un bail est consentit en 1736 par "haute et puissante dame Suzanne de Montault de Benac de Navaille, abbesse de l'abbaye royale de La Saussaye-les-Villefuif à laquelle abbaye est annexée les receveurs du prieuré de Saint-Didier de Bruyères-le-Châtel, laquelle baille et délaisse à prix d'argent du jour et feste de Saint-Martin d'hiver de l'année 1736 jusqu'à neuf années et pour faire jouir à Michel Gentil, marchand laboureur à Trou, paroisse dudit Bruyères, ce jour à Paris et ce présent pour luy pendant ledit temps". Le fermier de Trou est un laboureur aisé ; il nous montre une certaine ambition réservée à un "coq de village". Le bail comprend "les revenus temporels dudit prieuré Saint-Didier de Bruyères le Châtel en l'estat qui sont, consistant en une maison manable près église dudit Bruyères, cour, jardin y attenant avec les dépendances, terres, préz, bois, vignes, le moulin [de Trémerolles] et dîmes même celles de la ferme du Fay appartenante à ladicte dame abbesse lors que l'empeschement à la levée de icelle sera levé…Plus la ferme de Couard et autre chose en réserver ni retenir sinon le fief et les droits seigneuriaux situés en la paroisse de Groslay prez Saint-Denis, les bois taillis scituez près Couard, les deux chambres hautes et petite cuisine à costé estant au dessus pour l'usage des personnes que ladite dame abbesse voudra y envoyer…". Une clause admet qu'au cas où "le preneur du bail ne pourra pas jouir de ladite dixme", il pourra demander une diminution du loyer.

Le bail est passé moyennant un loyer annuel de 1.200 livres "que le preneur s'oblige de payer à la dite dame abbesse ou au porteur des présentes en deux termes et payments égaux que se feront le jour de Pasques et Saint-Jean de chacune année…". Différentes clauses du bail accordé à Michel Gentil méritent d'être citées "le présent bail fait aux charges et conditions suivantes que le preneur s'oblige exécuter sans aucune diminution du prix du présent bail, dépens, dommages et interests prétendre, sçavoir :

  • entretenir lesdits lieux de menues réparations locatives jusqu'à la somme de 6 livres par chacun an,
  • entretenir les prez nets et en bonne nature de fauche,
  • labourer, fumer et provigner les vignes,
  • et en fin dudit temps rendre le tout en bon état,
  • plus payer annuellement pendant ledit temps aux vicaires perpétuels leurs gros accoutumés et fournir le cierge pascal et la lampe des Rameaux,
  • payer 10 livres pour chacun an au sieur curé de Balainvilliers, et 6 livres aussy par chacun an au sieur abbé de Saint-Florent-le-Sauveur lès Saumur et en rapporter quittance,
  • payer 10 livres d'une part et 6 livres d'autre par les révérends pères Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, en ce cas les deux sommes seront payées à la dame abbesse,
  • labourer, tailler les arbres fruitiers du jardin du prieuré ainsy qu'ils ont été ci devant, en fumer quand besoin sera, arracher les arbres qui se trouveront à nulle valleur, et aux lieux d'iceux les travaillera de bons fruits comme un bon père de famille,
  • ne pourra ledit preneur vendre ni divertir les fourrages des terres labourables ci-dessus bailléez au contraire les fera convertir en fumier pour être porter sur chacune solle et en fin du bail ledits fourrages qui provenus d'icelle audit prieur et lieu de Couard.

De plus, au cours de la dernière année du bail, le fermier devra laisser 200 bottes de fourrages et pailles pour les engrais des terres. Une prisée des biens sera faite "en la manière qu'en usent les circonvoisins…".


Plan des bois appartenant aux religieuses de la Saussaye-les-Villejuif.

Plan des bois appartenant aux religieuses de la Saussaye-les-Villejuif.

D'autres clauses juridiques aussi portées au bail de 1736 méritent d'être mentionnées :

  • ne pourra le preneur plaider pour le droit dudit prieuré devant le juge dudit Bruyères attendu qu'il est incompétent, ladite dame abbesse interviendra dans les instances intentées,
  • ne pourra le preneur cédder ny transporter le présent bail à personne et quelconque sans le consentement de la dame abbesse à laquelle il fournira la présente grosse en conforme aux frais du preneur,
  • de fournir à la personne qui sera chargée des affaires de ladite dame abbesse une chambre, un lit et la nourriture convenable de la personne et de son cheval,
  • de fournir à la dame abbesse par chacune des neuf années au jour des Roys deux pains du poids de 6 livres chacun et du plus beau avec six chapons gras,
  • ne pourra le preneur prétendre aucune diminution des fourrages pour raison de non jouissance des héritages, des bergeries, dixmes…,
  • ne pourra encore le preneur prétendre aucune diminution du prix du bail pour quelque raison que ce soit non pas même pour les cas fortuits,
  • sera tenu encore le preneur de laisser changer le lit de la rivière suivant les conditions faites entre laditte dame abbesse et le sieur Huguet.

Pour compléter ce bail d'affermage, nous citons la clause assez particulière parce que Michel Gentil est célibataire "s'oblige le preneur de faire ratifier les présentes par la personne qu'il épousera, ce faisant afin de s'obliger solidairement avec luy, eux deux seul pour le tout…laquelle ratification s'oblige de fournir à la dite dame abbesse quinze jours après la célébration du mariage du preneur". L'abbesse de La Saussaye envisage ainsi l'avenir sérieusement, c'est le moins qu'on puisse dire !!! On comprend également à la lecture de toutes ces annexes, que quelques décennies plus tard, la Révolution arrivera et que la nation s'appropriera les biens religieux...

En 1747, les religieuses du prieuré de la Saussaye passent un bail pour neuf années à Raphael Jullien Bauce, laboureur demeurant en ladite ferme de Couard, "la ferme de Couard dépendant du prieuré de Bruyères contenant 120 arpents de terres labourables, comportant ferme, batimens, écuries, vacherie, bergerie, grange, circonstances et dépendances plus 5 arpens de prés appelés les prés de la Perrache, plus les dixmes de Ballainvilliers, Couard, Fay et Trou et tous les droits hors la paroisse de Bruyères". Le preneur disant bien savoir connoistre pour l'avoir visité et en jouir. Ce bail fait moyennant 360 livres à charge des réparations jusqu'à 40 sols.

À partir de l'été 1755, un différend débute entre le fermier de Couard et les religieuses. Toujours des problèmes pécuniaires à propos des clauses restrictives du bail d'affermage. L'assemblée des sœurs de la Saulsaye-les-Villejuifs est réunie le 3 octobre 1757 pour bailler la ferme de Couard au profit de Raphael Julien Bauce, laboureur demeurant en la ferme de Couard, ladite ferme dépendant du prieuré de Bruyères aux mêmes conditions qu'en l'an 1747, moyennant 360 livres. Une caution est donnée par Pierre Bauce, père de Raphael.

Des experts sont nommés le 11 juillet 1759 pour le sieur Bauce contre les dames du prieuré de la Saulsaye-les-Viljuif. Julien Beauce, fermier et laboureur demeurant en la ferme de Couard, en conséquence de deux sentences du Châtelet, attendu la contestation qui le divise avec la dame supérieure et les religieuses du prieuré royal de la Saulsaye-lez-Viljuif, à l'occasion des réparations à faire aux bâtiments et lieux de ladite ferme de Couard, curage des boelles et Moru. Nomination d'expert, celui des boelles est Dusaulx, meunier du moulin Brûlé de Bruyères. Les sœurs ne se présentant pas, nomination de deux autres experts.


La ferme de Couart

Il semble que le sieur Bauce ait été forcé de déguerpir puisque nous voyons, un mois plus tard, le 9 août, la révérende et discrète dame Jeanne Bénard dite de Sainte-Madeleine, supérieure, et les religieuses de La Saussaye "lesquelles dames baillent pour neuf années, à Henri Pierre Robin, laboureur à Montlhéry, la ferme de Couard moyennant un loyer annuel de 550 livres". Est présent Henri Pierre Robin, laboureur au Plessis-Saint-Père père du preneur qui se porte comme garant.

En 1765, un bail est passé par la révérende et discrète dame sœur Anne Lemaire de Flicourt de Sainte-Maxime, supérieure et les religieuses de La Saussaye au profit de Pierre Robin de la ferme de Couard et des dixmes de Trou et du Fay. lesquelles dames baillent pour neuf années à Henri Pierre Robin, laboureur à Montlhéry, la ferme de Couard, contenant :
- 125 arpents de terres,
- la ferme de Couard avec batiments, écuries, vacheries, bergeries, granges,
- 5 arpents de prez appelés la Perruche,
- les dixmes de Couard et de Trou ensemble celles du Fay si elle a lieu.

Le bail est accordé moyennant 550 livres et deux septiers de bonne orge. Il est fait mention dans les charges de la vente de la précédente récolte par les dames de la Saussaye au nouveau preneur. Pour sûreté du bail le paiement d'avance de la dernière année est exigé. Le bail est fait à l'étude pour les preneurs et "au grand parloir pour les dames bailleures".

La même année, une convention est passée entre les religieuses du prieuré royal de La Saussaye-les-Villejuif et Marie Bourgeois, veuve d'Henry Brethon, laboureur à Bruyères-le-Chastel. Il s'agit du règlement d'un ancien contentieux. C'était un bail à loyer qui avait été passé devant un notaire parisien en 1755 qui s'était déplacé à Arpajon où le procureur des religieuses avait élu domicile chez la veuve Artus, hostelière du Cheval Blanc.

Un nouveau bail est passé en 1775 par les religieuses professes, étant aux droits des prieure et religieuses de la Saussaye. C'est un bail à ferme et prix d'argent pour neuf années au profit de Henry Pierre Robin, laboureur demeurant à Couart "ladite ferme dépendant du prieuré de Bruyères contenant 125 arpents moyennant 800 livres". Le lendemain Louis Astruc, intendant de la maison de Saint-Louis, engage Robin à faire toutes les voitures nécessaires pour les réparations, cet engagement pour les trois ans de l'ancien bail et pour les neuf années du nouveau.

En 1785, devant Fourcault, notaire, un bail est passé par les administrateurs de Saint-Cyr au profit du sieur Robin. "Le conseil intérieur de la maison de Sain-Cyr, assemblé au grand parloir, baillent à Henri Pierre Robin, laboureur demeurant en la ferme cy après déclarée, pour neuf années, la ferme de Couard, contenant 125 arpens de terres consistant en bâtiments (description classique), plus cinq arpens de pré, et les dixmes de Couard et de Trou et celles du Fay si elle a lieu et sans garantie". Les conditions obligent d'acquitter les gages du garde de Couard. Le bail fait moyennant 900 livres tournois.

Sur le plan des biens (carte n°20) de 1787 et le terrier associé à la seigneurie de Bruyères, la ferme de Couard est désignée contenant 3 arpents 80 perches pour la maison, cour, jardin et mare et plusieurs pièces le tout pour 170 arpents appartenant aux dames religieuses de Saint-Cyr.

Nous arrivons maintenant aux temps de la Révolution ; les couvents et maisons religieuses sont dissous. Dans un mémoire de 1791, il est fait mention qu'un procès-verbal en date du 22 décembre 1790, concerne l'estimation des biens par les sieurs Caron et Clerc, experts "la ferme de Couard consistant en des bâtiments nécessaires à l'exploitation de la ferme en bon état, loués en 1785 à raison de 900 livres et les gages du garde que nous évaluons à 300 livres, ce qui fait 1.200 livres pour le prix de la ferme. La ferme est composée de 120 arpents que nous estimons à 1.068 livres en revenus et en principal à 23.496 livres, ce qui est à très peu de chose près sur le pied de 4,5 %".

Un autre document sans date reprend l'affaire à son origine et donne en détail la composition de la ferme, le bail des dames de Saint-Cyr, et entrée en jouissance jusqu'à la fin du bail.

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Notes :

(1) En Auvergne, "lou couar" désignait autrefois le chef d'une exploitation agricole avec une grande étendue de bons prés et même une montagne. En Sologne, "couar" est le nom de la corneille noire.
(2) On peut remarquer que, sur une vingtaine de grosses fermes de la région de Montlhéry, un peu plus du tiers appartient à des communautés religieuses. Ce sont, au XVIIe siècle, le monastère de Marcoussis, le prieuré de Longpont, le prieuré de Bruyères, l'abbaye des Vaux-de-Cernay, les dames de la Saussaye, l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, le prieuré Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers, les Chartreux de Saulx, le prieuré Saint-Éloy, etc.
(3) Originairement léproserie, le prieuré Notre-Dame de la Saussaye -lez-Villejuif, de fondation royale (par Louis VII) était situé sur la paroisse de Chevilly. Les prieures étaient mises en possession par un conseiller nommé par le roi. En 1727, Magdeleine-Elisabeth de Bouchard de Lussan d'Esparbes d'Aubeterre est grande-prieure de Notre-Dame de la Saussaye. Tombé en décadence en 1769, Louis XV publia des lettres patentes portant extinction et suppression du prieuré de la Saussaye-lez-Villejuif et union de tous ses biens et revenu à la maison de Saint-Louis de Saint-Cyr, fondée par Madame de Maintenon en 1686.

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