Cette
chronique relate l'histoire de la ferme
de Couard située à
Ollainville
(Essonne, canton d'Arpajon) sur le plateau de Saint-Eutrope
dominant la vallée de la Sallemouille au nord et
celle de la Rémarde au sud. Deux orthographes
dominent selon la terminaison avec un -d ou un -t. Jusqu'au
XVIIe siècle, les notaires et les cartographes
écrivaient "Couart ", comme Anville sur
la carte de l'Académie royale des Sciences (1678) et
Delisle sur la carte de la vicomté de Paris (1711).
Puis, ceux du XVIIIe siècle adopteront
"Couard" comme Cassini (vers 1770).
Sur son magnifique
plan de la région de Marcoussis, Malte-Brun
écrit "Coüard", avec un
ü-tréma. Cette carte mentionne plusieurs
lieux-dits : la plaine de Couard, grande et petite garenne
de Couard, bois de Couard, carrefour de Couard. On note
également le "chemin des Meuniers" qui
évoque bien la présence des fermes de Couard
et de Trou et le "chemin des Cotes Sainte-Catherine"
qui évoque la présence du
célèbre prieuré parisien au Moyen
Âge.
Pour finir avait le
toponyme, rappelons ce que dit l'abbé Lebeuf "ce
mot Couar est le même que porte une montagne proche
Autun sur laquelle est la pyramide qu'on croit couvrir le
tombeau de Divitiacus, célèbre capitaine
gaulois" (1).
Ainsi, les noms Couard, comme Le Fay auraient-ils des
origines gauloises ?
Les
anciens documents
Comme toutes les
exploitations agricoles de la région, il semble que
la ferme de Couard était bien installée sur le
plateau forestier dès la fin du XIIe siècle.
Cette ferme était issue des défrichements
opérés par l'abbaye parisienne de Saint-Denis
qui posséda le fief épiscopal du Hurepoix sous
les Carolingiens. Mentionnons également que la ferme
de Couard a toujours été placée sur le
territoire d'Ollainville dans la dépendance de la
paroisse de Bruyères-le-Chastel dont le
prieur-curé était dîmeur.
Entre 1203 et 1220,
une transaction est passée entre le prieur de
Bruyères et ses trois hommes de Couart , Guillaume,
Payen et Pierre, énumérant les redevances et
corvées annuelles dues par chacun d'eux et leur
interdisant le démembrement ainsi que l'abandon de
leurs tenures sans volonté du prieur. L'abbé
de Saint-Florent et son chapitre ont approuvé cette
transaction. Le texte latin mentionne les habitants de la
terre de Couart "terram de Couart inhabitantes,
masuris
".
Le
célèbre abbé Lebeuf parle des
difficultés entre le prieur de Bruyères et ses
sujets de la terre de Couart qui auraient été
arbitrées au XIIIe siècle.
En 1574, Lucas Petit,
laboureur demeurant à Couart, nomme en blanc un
procureur pour plaider contre Thomas de Balsac, au sujet de
la moitié d'un bien. Dix ans plus tard, Mathurine
Guignet, veuve de feu Lucas Petit, demeurante à
Couart paroisse de Bruyères-le-Chastel "en son nom
et comme tutrice de ses enfants mineurs confesse avoir
ceddé à Jullien Petit, laboureur
demeurant à Bailleau, tous les droits de
bail faits par le seigneur de Soucy des dixmes de
grain qu'il avoit droit de prendre chacun an au
terroir de Loppigny et la Forest,
moyennant six sextiers de bled seigle et troys septiers
avoyne à 21 boisseaux par septier".
Les
fermiers de Couard au XVIIe siècle
Plusieurs actes
notariés du XVIIe siècle donnent les noms des
fermiers travaillant à la ferme de Couard. Le 16 mai
1618, Aubry Forterye, laboureur demeurant à Couart
paroisse de Bruyères-le-Chastel, vend "ung arpent
en trois pièces" à noble homme Claude
Dumoulin, receveur (sieur du Houssay à Marcoussis)...
Un second acte daté du 3 juin 1619 mentionne
"Aubin Sorterye, laboureur demeurant en la ferme de
Couart et Marie Trotier, sa femme".
Puis, les actes
suivants nous apprennent que la ferme de Couard est la
propriété du prieuré Saint-Didier de
Bruyères-le-Châtel
(2).
En 1641, Abraham Ribier, prestre commendataire du
prieuré Saint-Didier de Bruyères, baille
à titre de ferme et loyer prix d'argent la
métairie de Couard, pour neuf
années, à Noel Foiset, demeurant au Fay.
Six ans après, Noel Forset, demeurant à
Linois, transporte le bail de la ferme et métairie
à François Bouillette, laboureur, "ladite
ferme deppendant du prieuré Saint-Didier de
Bruyères qui consiste en maison manable, bastimens,
eddifices avec touttes les terres et pastures, couppes de de
boys taillis,..., moyennant 270 livres de
loyer".
Le bail est
renouvelé pour neuf ans par Messire Abraham Ribier,
le prieur de Saint-Didier, au profit de François
Bouillette en 1648 "c'est à sçavoir la
ferme et mestairye appellée la ferme de
Couart size en la paroisse de
Bruyères-le-Chastel et consistant en plusieurs
édifices et bastiments appliqués en logement
pour le fermier, grange, escurye et autres édifices,
court, jardin, terres labourables, friches, lizières
et bois, touttes ses dépendances comprises en bail
à loyer
". Les dîmes sont
perçues par le sieur Noël Frichot, demeurant au
Fay, paroisse de Linas "touttes lesquelles dixmes le
sieur Bouillette admet et cognoistre". Le fermier
s'engage à fournir du fourrage jusqu'à
concurrence de 6 livres livré à la maison du
bailleur et cinq cents fagots et quatre cordes de bois
provenant des bois de la ferme de Couard et "en outre
moyennant le prix ret somme de 350 livres et six septiers et
mine d'avoyne bonne, loyale et marchande mesure dudit
Montlhéry
". Le fermier s'engage à
payer "les fruictz de la première année
1647 au jour et feste Saint-Martin d'hiver".
Signatures
des intervenants au bail de la ferme de Couard
(1648).
En 1650,
François Bouillette, laboureur en la
ferme de Couard confesse avoir transporté
pour l'année présente, au sieur Pasquier,
laboureur demeurant au Fay, les droits de
dixmes qu'il a droit de prendre sur la
ferme du Fay venant du prieuré de
Bruyères, moyennant trois septiers
d'avoine. En 1656, Charles Vouchard est qualifié de
laboureur demeurant à la ferme de
Couard, paroisse de
Brière-le-Chastel.
Trois ans plus tard,
Jacques Chardon, docteur en théologie, conseiller et
aumosnier du roy et prieur commendataire du prieuré
Saint-Didier de Bruyères, baille et délaisse
à titre de ferme à Anthoine Moullin, laboureur
de Saint-Michel-sur-Orge, "c'est à savoir
la ferme et mestairye de Couart,
situé dans la plaine de Montlhéry,
jusqu'à six années, comme en avait joui
Charles Vouchard, tant en terre, pasture que préz qui
deppendent dudit prieuré, item la dixme du
Fay et la despouille de la Garenne... Le bail
fait moyennant la somme de cinq cents livres tournois
à payer au bailleur en sa maison de
Paris". Le bailleur de sitation aisée,
considère sa charge de prieur comme une source de
revenus et préfère demeurer à
Paris.
En 1678,
François de Dinan, prévost, juge civil et
criminel commissaire enquesteur examinateur pour sa
majesté à Montlhéry, Jacques Robert,
..., demeurant à Dourdan, Louise Robert, veuve Jean
Gosset, demeurant à Montlhéry, lesquels ont
vendu à Jacques Deslandes une couppe de bois
près de la ferme de Couart et Troux moyennant 5.500
livres. Un autre acte du même jour entre Louise
Robert, Jacques Robert, et François de Dinan pour sa
femme Jeanne Robert estant héritiers de deffunt
Jacques Robert, assesseur en l'élection de Dourdan,
et Louise Asselin, leur père et mère, pour
délibérer sur la pièce de bois de
Couard et faire une convention de propriété.
Il s'agit de la famille des Robert, seigneurs de Laÿ
(les-Roses) qui ont des biens dans la région et
notamment la ferme de la Forêt à
Bruyères.
Couard
aux religieuses de la Saulsaye
Deux documents
datés du 11 août 1728 nous donnent des
renseignements de première importance sur la ferme de
Couard. Le premier est un plan des bois, dépendant de
la ferme de Couard, mesurés par le sieur Desquinemare
"arpenteur général des eaux et forest du
département de Paris". L'intérêt
réside dans le plan des bâtiments de la ferme
avec les mares. Un second plan semblable nous apprend que
ces biens appartiennent "aux dames abbesses
religieuses du couvent royal de la Saulsée".
Il s'agit du prieuré Notre-Dame de la Saussaye
à Villejuif (3).
Nous verrons dans l'histoire du prieuré de
Bruyères que ce dernier a fait les frais d'une
donation royale à ces religieuses et mettant fin
ainsi à la charge du prieuré.
Devant Nicolas Claude
Dupuy, notaire royal au Châtelet de Paris, un bail est
consentit en 1736 par "haute et puissante dame Suzanne de
Montault de Benac de Navaille, abbesse de l'abbaye
royale de La Saussaye-les-Villefuif à
laquelle abbaye est annexée les receveurs du
prieuré de Saint-Didier de
Bruyères-le-Châtel, laquelle baille et
délaisse à prix d'argent du jour et feste de
Saint-Martin d'hiver de l'année 1736 jusqu'à
neuf années et pour faire jouir à Michel
Gentil, marchand laboureur à
Trou, paroisse dudit Bruyères, ce jour
à Paris et ce présent pour luy pendant ledit
temps". Le fermier de Trou est un laboureur aisé
; il nous montre une certaine ambition
réservée à un "coq de village". Le bail
comprend "les revenus temporels dudit
prieuré Saint-Didier de Bruyères le
Châtel en l'estat qui sont, consistant en
une maison manable près église dudit
Bruyères, cour, jardin y attenant avec les
dépendances, terres, préz, bois, vignes,
le moulin [de Trémerolles] et
dîmes même celles de la ferme du Fay
appartenante à ladicte dame abbesse lors que
l'empeschement à la levée de icelle sera
levé
Plus la ferme de
Couard et autre chose en réserver ni
retenir sinon le fief et les droits seigneuriaux
situés en la paroisse de Groslay prez Saint-Denis,
les bois taillis scituez près Couard, les deux
chambres hautes et petite cuisine à costé
estant au dessus pour l'usage des personnes que ladite dame
abbesse voudra y envoyer
". Une clause admet qu'au
cas où "le preneur du bail ne pourra pas jouir de
ladite dixme", il pourra demander une diminution du
loyer.
Le bail est
passé moyennant un loyer annuel de 1.200 livres
"que le preneur s'oblige de payer à la dite dame
abbesse ou au porteur des présentes en deux termes et
payments égaux que se feront le jour de Pasques et
Saint-Jean de chacune année
".
Différentes clauses du bail accordé à
Michel Gentil méritent d'être citées
"le présent bail fait aux charges et conditions
suivantes que le preneur s'oblige exécuter sans
aucune diminution du prix du présent bail,
dépens, dommages et interests prétendre,
sçavoir :
- entretenir lesdits
lieux de menues réparations locatives
jusqu'à la somme de 6 livres par chacun
an,
- entretenir les
prez nets et en bonne nature de fauche,
- labourer, fumer et
provigner les vignes,
- et en fin dudit
temps rendre le tout en bon état,
- plus payer
annuellement pendant ledit temps aux vicaires
perpétuels leurs gros accoutumés et fournir
le cierge pascal et la lampe des Rameaux,
- payer 10 livres
pour chacun an au sieur curé de Balainvilliers, et
6 livres aussy par chacun an au sieur abbé de
Saint-Florent-le-Sauveur lès Saumur et en
rapporter quittance,
- payer 10 livres
d'une part et 6 livres d'autre par les
révérends pères
Bénédictins de la congrégation de
Saint-Maur, en ce cas les deux sommes seront
payées à la dame abbesse,
- labourer, tailler
les arbres fruitiers du jardin du prieuré ainsy
qu'ils ont été ci devant, en fumer quand
besoin sera, arracher les arbres qui se trouveront
à nulle valleur, et aux lieux d'iceux les
travaillera de bons fruits comme un bon père de
famille,
- ne pourra ledit
preneur vendre ni divertir les fourrages des terres
labourables ci-dessus bailléez au contraire les
fera convertir en fumier pour être porter sur
chacune solle et en fin du bail ledits fourrages qui
provenus d'icelle audit prieur et lieu de
Couard.
De plus, au cours de
la dernière année du bail, le fermier devra
laisser 200 bottes de fourrages et pailles pour les engrais
des terres. Une prisée des biens sera faite "en la
manière qu'en usent les
circonvoisins
".
Plan des
bois appartenant aux religieuses de la
Saussaye-les-Villejuif.
D'autres clauses
juridiques aussi portées au bail de 1736
méritent d'être mentionnées :
- ne pourra le
preneur plaider pour le droit dudit prieuré devant
le juge dudit Bruyères attendu qu'il est
incompétent, ladite dame abbesse interviendra dans
les instances intentées,
- ne pourra le
preneur cédder ny transporter le présent
bail à personne et quelconque sans le consentement
de la dame abbesse à laquelle il fournira la
présente grosse en conforme aux frais du
preneur,
- de fournir
à la personne qui sera chargée des affaires
de ladite dame abbesse une chambre, un lit et la
nourriture convenable de la personne et de son
cheval,
- de fournir
à la dame abbesse par chacune des neuf
années au jour des Roys deux pains du poids de 6
livres chacun et du plus beau avec six chapons
gras,
- ne pourra le
preneur prétendre aucune diminution des fourrages
pour raison de non jouissance des héritages, des
bergeries, dixmes
,
- ne pourra encore
le preneur prétendre aucune diminution du prix du
bail pour quelque raison que ce soit non pas même
pour les cas fortuits,
- sera tenu encore
le preneur de laisser changer le lit de la rivière
suivant les conditions faites entre laditte dame abbesse
et le sieur Huguet.
Pour compléter
ce bail d'affermage, nous citons la clause assez
particulière parce que Michel Gentil est
célibataire "s'oblige le preneur de faire ratifier
les présentes par la personne qu'il épousera,
ce faisant afin de s'obliger solidairement avec luy, eux
deux seul pour le tout
laquelle ratification s'oblige
de fournir à la dite dame abbesse quinze jours
après la célébration du mariage du
preneur". L'abbesse de La Saussaye envisage ainsi
l'avenir sérieusement, c'est le moins qu'on puisse
dire !!! On comprend également à la lecture de
toutes ces annexes, que quelques décennies plus tard,
la Révolution arrivera et que la nation s'appropriera
les biens religieux...
En 1747, les
religieuses du prieuré de la Saussaye passent un bail
pour neuf années à Raphael Jullien Bauce,
laboureur demeurant en ladite ferme de Couard, "la ferme
de Couard dépendant du prieuré de
Bruyères contenant 120 arpents de terres labourables,
comportant ferme, batimens, écuries, vacherie,
bergerie, grange, circonstances et dépendances plus 5
arpens de prés appelés les prés de la
Perrache, plus les dixmes de Ballainvilliers, Couard, Fay et
Trou et tous les droits hors la paroisse de
Bruyères". Le preneur disant bien savoir
connoistre pour l'avoir visité et en jouir. Ce bail
fait moyennant 360 livres à charge des
réparations jusqu'à 40 sols.
À partir de
l'été 1755, un différend débute
entre le fermier de Couard et les religieuses. Toujours des
problèmes pécuniaires à propos des
clauses restrictives du bail d'affermage. L'assemblée
des surs de la Saulsaye-les-Villejuifs est
réunie le 3 octobre 1757 pour bailler la ferme de
Couard au profit de Raphael Julien Bauce, laboureur
demeurant en la ferme de Couard, ladite ferme
dépendant du prieuré de Bruyères aux
mêmes conditions qu'en l'an 1747, moyennant 360
livres. Une caution est donnée par Pierre Bauce,
père de Raphael.
Des experts sont
nommés le 11 juillet 1759 pour le sieur Bauce contre
les dames du prieuré de la Saulsaye-les-Viljuif.
Julien Beauce, fermier et laboureur demeurant en la ferme de
Couard, en conséquence de deux sentences du
Châtelet, attendu la contestation qui le divise avec
la dame supérieure et les religieuses du
prieuré royal de la Saulsaye-lez-Viljuif, à
l'occasion des réparations à faire aux
bâtiments et lieux de ladite ferme de Couard, curage
des boelles et Moru. Nomination d'expert, celui des boelles
est Dusaulx, meunier du moulin Brûlé de
Bruyères. Les surs ne se présentant pas,
nomination de deux autres experts.
Il semble que le sieur
Bauce ait été forcé de déguerpir
puisque nous voyons, un mois plus tard, le 9 août, la
révérende et discrète dame Jeanne
Bénard dite de Sainte-Madeleine, supérieure,
et les religieuses de La Saussaye "lesquelles dames
baillent pour neuf années, à Henri Pierre
Robin, laboureur à Montlhéry, la ferme de
Couard moyennant un loyer annuel de 550 livres". Est
présent Henri Pierre Robin, laboureur au
Plessis-Saint-Père père du preneur qui
se porte comme garant.
En 1765, un bail
est passé par la révérende et
discrète dame sur Anne Lemaire de Flicourt de
Sainte-Maxime, supérieure et les religieuses de La
Saussaye au profit de Pierre Robin de la ferme de
Couard et des dixmes de Trou et du Fay.
lesquelles dames baillent pour neuf années à
Henri Pierre Robin, laboureur à Montlhéry, la
ferme de Couard, contenant :
- 125 arpents de terres,
- la ferme de Couard avec batiments, écuries,
vacheries, bergeries, granges,
- 5 arpents de prez appelés la Perruche,
- les dixmes de Couard et de Trou ensemble celles du Fay si
elle a lieu.
Le bail est
accordé moyennant 550 livres et deux septiers de
bonne orge. Il est fait mention dans les charges de la vente
de la précédente récolte par les dames
de la Saussaye au nouveau preneur. Pour sûreté
du bail le paiement d'avance de la dernière
année est exigé. Le bail est fait à
l'étude pour les preneurs et "au grand parloir
pour les dames bailleures".
La même
année, une convention est passée entre les
religieuses du prieuré royal de La
Saussaye-les-Villejuif et Marie Bourgeois, veuve d'Henry
Brethon, laboureur à Bruyères-le-Chastel. Il
s'agit du règlement d'un ancien contentieux.
C'était un bail à loyer qui avait
été passé devant un notaire parisien en
1755 qui s'était déplacé à
Arpajon où le procureur des religieuses avait
élu domicile chez la veuve Artus, hostelière
du Cheval Blanc.
Un nouveau bail est
passé en 1775 par les religieuses professes,
étant aux droits des prieure et religieuses de la
Saussaye. C'est un bail à ferme et prix d'argent pour
neuf années au profit de Henry Pierre Robin,
laboureur demeurant à Couart "ladite
ferme dépendant du prieuré de
Bruyères contenant 125 arpents moyennant
800 livres". Le lendemain Louis Astruc, intendant de la
maison de Saint-Louis, engage Robin à faire toutes
les voitures nécessaires pour les réparations,
cet engagement pour les trois ans de l'ancien bail et pour
les neuf années du nouveau.
En 1785, devant
Fourcault, notaire, un bail est passé par les
administrateurs de Saint-Cyr au profit du sieur Robin.
"Le conseil intérieur de la maison de
Sain-Cyr, assemblé au grand parloir,
baillent à Henri Pierre Robin, laboureur demeurant en
la ferme cy après déclarée, pour neuf
années, la ferme de Couard,
contenant 125 arpens de terres consistant en bâtiments
(description classique), plus cinq arpens de pré, et
les dixmes de Couard et de Trou et celles du
Fay si elle a lieu et sans garantie". Les
conditions obligent d'acquitter les gages du garde de
Couard. Le bail fait moyennant 900 livres
tournois.
Sur le plan des biens
(carte n°20) de 1787 et le terrier associé
à la seigneurie de Bruyères, la ferme de
Couard est désignée contenant 3 arpents 80
perches pour la maison, cour, jardin et mare et plusieurs
pièces le tout pour 170 arpents appartenant aux
dames religieuses de Saint-Cyr.
Nous arrivons
maintenant aux temps de la Révolution ; les couvents
et maisons religieuses sont dissous. Dans un mémoire
de 1791, il est fait mention qu'un procès-verbal en
date du 22 décembre 1790, concerne l'estimation des
biens par les sieurs Caron et Clerc, experts "la ferme de
Couard consistant en des bâtiments nécessaires
à l'exploitation de la ferme en bon état,
loués en 1785 à raison de 900 livres et les
gages du garde que nous évaluons à 300 livres,
ce qui fait 1.200 livres pour le prix de la ferme. La ferme
est composée de 120 arpents que nous estimons
à 1.068 livres en revenus et en principal à
23.496 livres, ce qui est à très peu de chose
près sur le pied de 4,5 %".
Un autre document sans
date reprend l'affaire à son origine et donne en
détail la composition de la ferme, le bail des dames
de Saint-Cyr, et entrée en jouissance jusqu'à
la fin du bail.
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Notes :
(1)
En Auvergne, "lou couar" désignait autrefois
le chef d'une exploitation agricole avec une grande
étendue de bons prés et même une
montagne. En Sologne, "couar" est le nom de la
corneille noire.
(2)
On peut remarquer que, sur une vingtaine de grosses fermes
de la région de Montlhéry, un peu plus du
tiers appartient à des communautés
religieuses. Ce sont, au XVIIe siècle, le
monastère de Marcoussis, le prieuré de
Longpont, le prieuré de Bruyères, l'abbaye des
Vaux-de-Cernay, les dames de la Saussaye, l'abbaye de
Saint-Germain-des-Prés, le prieuré
Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers, les Chartreux
de Saulx, le prieuré Saint-Éloy, etc.
(3)
Originairement léproserie, le prieuré
Notre-Dame de la Saussaye -lez-Villejuif, de fondation
royale (par Louis VII) était situé sur la
paroisse de Chevilly. Les prieures étaient mises en
possession par un conseiller nommé par le roi. En
1727, Magdeleine-Elisabeth de Bouchard de Lussan d'Esparbes
d'Aubeterre est grande-prieure de Notre-Dame de la Saussaye.
Tombé en décadence en 1769, Louis XV publia
des lettres patentes portant extinction et suppression du
prieuré de la Saussaye-lez-Villejuif et union de tous
ses biens et revenu à la maison de Saint-Louis de
Saint-Cyr, fondée par Madame de Maintenon en
1686.