Avant
de poursuivre la seconde partie de l'histoire des seigneurs
d'Ollainville, rappelons l'état de cette terre sous
le règne de Charles IX. Après avoir appartenue
à Jehan de Baillon, seigneur de Janvry et
trésorier de l'Épargne, puis à son fils
aîné "noble homme Guillaume de Baillon,
seigneur de Dolinville, conseiller du Roi et maistre
ordinaire de ses comptes", la seigneurie passa, le 9 mai
1570, pour un court moment, dans les mains de son
beau-frère René Crespin, seigneur du Gast,
moyennant une somme de 1.250 livres.
Benoist
Milon, seigneur d'Ollainville
Le seigneur du Gast ne
garda pas Ollainville qui semble n'avoir été
pour lui qu'une affaire de plus-value. Un échange de
la seigneurie est réalisé un mois après
sa transaction avec Guillaume devant son notaire parisien,
entre René Crespin, seigneur du Gast et Benoist Milon
(1).
L'acte donne une description très
détaillée que voici (donnée comme
toujours dans le style de l'époque). "René
Crespin, seigneur du Gast, ...., maître des requestes
ordinaires de son hostel et second assesseur au Parlement de
Bretaigne d'une part, et noble homme Benoist Millon, ...,
trésorier ordinaire des guerres,
demeurant à Paris, lesquellles parties pour leur plus
grand profit font les eschanges : ledit Du Gast
délaisse audit Myllon, la terre et
seigneurie Dolainville, appartenances et
dépendances, audit Dugast appartenant par eschange
avec Guillaume de Baillon, maistre ordinaire en sa chambre,
duquel ladite terre et seigneurie appartenoit par la
succession de feu Jehan de Baillon, son père,
seigneur de Dolainville, ladite seigneurie à lui
délaissée par noble demoiselle Marie de
Hacqueville, dame de Janvris, tutrice des enfans myneurs,
..., consistant :
- chasteau clos de fossés à fond de
cuve, pressoir, estable, granche, bergerye, avec
un parc clos à murs planté d'arbres fruitiers,
chesnes, ormes...
- deux petites maisons près ledit pressoir,
- une masure, cour et jardin nouvellement acquis par le
seigneur de Baillon,
- item 60 livres tournois de menus cens, quelques volailles,
poules et chappons,
- item droits de haute, moyenne et basse justice, greffe,
tabellionnage, prévosté, deffaulx, amendes
...,
- item 45 arpens de terres en une pièce, autres 15
arpens,
- item un moulin appelé le moulin
Morant assis aux faubourgs de Chastres,
chargé envers les abbesses de (blanc), de six muids
de blé mousture de rente,
- item ung moulin appelé le moulin de
Tourvoye assis au dessous dudit Dolainville,
à la réservation de ce que prend le baron
Daubray audit moulin,
- item 5 arpens de vignes en plusieurs pièces,
- item 5 arpens de pré en la prairie de
Dolainville,
- item droit de rivière en toute la seigneurie,
- item12 arpens de boys, ..., droits de chasse, ...
le tout tenu en fief du roy à cause de son
chastelet,
- une ferme et mestairie appelée la ferme
de Buison se consistant en masure contenant trois
espasses, estable à chevaulx, couverte de
chaulme.
En contre eschange le messire Millon délaisse, 1.500
livres de rente, dont une partie provient des besoins de
liquidités que Marie de Hacqueville éprouvait
au décès de son mari !!!
Relevons que la
ferme de Buison ajoutée par René
Crespin, fera l'objet d'une chronique d'un lieu très
ancien. Le nouveau propriétaire d'Ollainville est un
seigneur de fraîche date, anobli par sa charge de
trésorier ordinaire des guerres. Benoît Milon
fut successivement intendant des finances d'Henri III, puis
intendant de la Ligue et intendant de l'Ordre du
Saint-Esprit créé par le roi en 1578. Il
était seigneur de Wideville par achat en 1594,
Launay-Faucille, Boisgasse, Sautour, Maurepas, Bougival et
autres lieux. Il avait épousé Madeleine de
Crèvecur de Boulenc, dame de Davron.
Le mois suivant,
noble homme et saige, René Crespin, seigneur du
Gast, conseiller du roy maistre des requestes ordinaires de
son hostel, et noble homme Guillaume de
Baillon, aussi conseiller du roy et en sa chambre
des Comptes, pour lui en son nom, confessent avoir fait
entre eux les eschanges : c'est à savoir que ledit
Baillon délaisse à titre d'eschange, 1.250
livres de rente venant de son père à luy
transporté par eschange audit Dugast en eschange de
la terre et seigneurie de Dolainville avec le détail
des rentes... Il est fait mention de l'échange de
juin avec Millon, bref ils font le point après la
vente d'Ollainville.
Le 5 mars 1571,
l'hommage de la terre et seigneurie d'Ollainville est rendu
par maître Benoît Milon, seigneur d'Ollainville,
propriétaire par échange fait avec René
Crépin, sieur du Gast, conseiller maître des
requêtes ordinaire de l'hôtel. Le mois suivant,
noble dame Marie de Hacqueville, demeurant à Paris,
vend à Benoist Millon, seigneur Dollainville,
trésorier ordinaire des guerres, aussi demeurant
à Paris, un quartier et demi de pré en la
prairie d'Eglis, tenant à l'Orge, et trois quartiers
de pré en la prairie dudit Dollainville, la vente
faite moyennant 300 livres tournois.
Un bail à ferme
de la de la terre d'Ollinville et la Roche est passé
le 20 août 1571 par le seigneur Benoît Milon.
Puis, le 12 juin 1573, noble homme Benoist Milon, seigneur
Dolainville et consort, passe un acte au sujet de la ferme
de son camp et armes de La Rochelle pour 230 chevaulx tant
bastz que charoy jusqu'à la somme de 13.954 livres
également 20 charrettes et 128 paniers pour mettre le
pain. Le 19 décembre de la même année,
une quittance est délivrée par Jacques de la
Rochette, escuyer, sieur de la Roche Ollainville demeurant
à Bruyères, lequel consent que Loys Desportes
soit son advocat.
Une sentence rendue au
Châtelet le 21 avril 1574 mentionne un extrait de la
Chambre des Comptes, par laquelle un aveu est fourni de la
terre d'Ollinville par Benoît Milon des 25 septembre
et 6 octobre 1573.
La cinquième
guerre de religion prend fin le 22 avril 1576 par la paix
signée au Louvre. Quelques mois plus tard, la
réconciliation entre Henri III et son frère,
le duc d'Alençon, est organisée au
château d'Ollainville. L'édit de Beaulieu du 6
mai 1576 accorde une plus grande liberté de culte aux
protestants. Le 20 septembre 1576, Benoist Millon, sieur de
Wideville, seigneur d'Ollainville et de Bizon, intendant des
finances, vend la terre et seigneurie d'Ollainville au roi
Henri III.
Portraits
de trois propriétaires du château d'Ollainville
: Henri III, Henri IV et Catherine de Bourbon, duchesse de
Bar.
Le roi
Henri III à Ollainville
La vente de la terre
et seigneurie d'Ollainville est réalisée
devant deux notaires parisiens en 1576. L'acte est ainsi
libellé "noble homme Benoist Millon,
seigneur d'Ollinville, conseiller du roy, et
intendant de ses finances confesse avoir
délaissé au seigneur Roy, à
cause de Messire Philippe Hurault
(2)
, conseiller de sa majesté en son premier conseil,
achepteur et acquéreur pour sa
Majesté, la terre et seigneurie dudit
Dolinville appartenances et deppandances, assis près
Bruyères le Chastel". Le notaire précise
que les biens proviennent "d'un transport par eschange
fait avec noble homme Pierre Crespin, seigneur du Gast, en
1570, cette terre provenant de l'eschange fait avec
Guillaume de Baillon qui lui même l'avait obtenu de la
succession de Jehan de Baillon son père en son vivant
escuier seigneur dudit Dolinville". L'inventaire
mentionne la consistance des biens :
- en la terre et seigneurie Dolinville,
- en chasteau clos de fossés à fonds
de cuve et eau dedans lesdits fossés,
- deux ponts levys, grand manoir et coulombier en
une des tours, salles, chambres, gallery, caves
et celliers
- une basse cour hors le chasteau où il y a manoir
pour le fermier, cour, grange, estables, bergerie, pressoirs
banaux a vin et cidre,
- lesdites gallery et basse cour tout basti
à neuf avec un parc clos de à murs,
planté d'arbres fruitiers, chesnes, ormes contenant
environ trente arpents,
- cinquante livres de menus cens, item quelques volailles,
poulles et chappons,
- aussy tout droit de justice moyenne et basse, droit de
greffe, tabellionnage, deffaux, amendes,
- soixante arpents de terre labourables,
- item ung moulin appelé le moulin
Morent assis aux faubourgs de Chastres,
chargé ledit moulin de six septiers de bled de rente
envers les religieuses du Val de Grâce,
- un autre moulin appelé moulin de
Tourvoy assis au dessoulz dudit Dolinville,
- droit de rivière,
- droit de chasse,
- une ferme et mestairie consistant en maison manable,
estangs, estables à chevaux, bergerie, cour, grange
le tout clos de murailles, jardin clos de haies avec 63
arpents de terres,
- item une maison, cour, grange, estable, bergerie avec
quelques arpents dans la prairie,
- item autre maison, granche, estables, bergerie, cour,
jardin devant le chasteau dudit Dolinville.
Cette vente est faite moyennant cinquante mille livres
tournois. Les notaires se sont transportés ensuite au
chasteau du Louvre et présentés devant sa
majesté représentée par Philippe
Hurault qui a accepté le contrat de vente et l'a
ratifié. On voit qu'en quelques années les
biens sont passés de 30 à 50.000 livres
représentant les travaux de construction du
château.
Ainsi le roi veut
faire une résidence de campagne du château
d'Ollainville. Il semble qu'il y vienne assez souvent.
D'ailleurs n'est-il pas en voisinage avec ses favoris, les
Balsac d'Entragues, seigneurs de Marcoussis ? Plusieurs
édits et lettres royaux sont signés à
Ollainville.
Voilà ce
qu'écrit le grand audiencier de la chancellerie
Pierre de l'Estoile dans ses Mémoires : "En ce
temps là [fin juillet 1576], le Roy acheta de
Benoist Milon la terre d'Olinville près Chastres sous
Montlehery, soixante mil livres ; puis la donna à sa
femme, et y mit pour cent mil frans de nouveaux meubles.
Ledit Milon l'avoit achetée trente mil ; et pour ce
que ledit Milon, champignon de fortune, étoit venu en
peu de tems, de fils d'un serrurier de Blois, à de
grands emplois et biens, pour avoir, au lieu des huys et
serrures que crochetoit son père, crocheté
dextrement les coffres du Roy
".
Le mémorialiste
continue : "Le 7 novembre 1576, M . le duc
d'Alençon [frère du roi] vint en poste
à Olinville, où étoit le Roy ; et se
firent de grandes caresses". En fait de "caresses",
jamais accueil ne fut plus froid que celui que Henri III lui
fit à ce voyage d'Ollainville. Les deux frères
se haïssaient. Puis, le dimanche 11 novembre "s'en
retourna avec la reine de Navarre, sa sur
bien-aimée, trouver le roy à Olinville, dont
ils partirent ensemble le mardy
". Puis le vendredy
23 janvier 1579 "le Roy alla à Olinville se
baigner et purger ; puis alla faire la fête de
Chandeleur en l'église de Chartres
". En
novembre 1578, Henri III, étant en son
château d'Ollainville permet par lettre à
Philippe Cabriani son médecin, de résider en
France et d'y acquérir des biens.
En 1579, un
arrêt de la Chambre des Comptes accorde un an de
délai à Jacques de la Rochette, seigneur de
Bruyères et d'Ollainville, et à l'époux
de Jeanne de la Rochette pour faire leurs aveux et
dénombrement. Le 19 mai 1584, Claude Daubray, sieur
de Bruières-le-Chastel,
, constitue son
procureur pour plaider un contentieux concernant le bail du
péage de Bruyères, un huitième
appartient au sieur de Dolainville, cédé par
Jacques de la Rochette. Il s'agit du reste des terres
excluant la propriété royale.
L'an 1585,
Jacques de la Rochette, escuier,
sieur de la Roche, enseigne de la compaignie du
seigneur d'Entraigues, maitre d'hôtel de monseigneur
le cardinal de Guise, demeurant à Arpenty,
paroisse de Bruières-le-Chastel, héritier
immobiliaire par moitié en la succession de deffunte
damoiselle Magdeleine de la Rochette, sa sur, fille
héritière pour une quatrième partie
dont les quatre font le tout en la moitié de la
succession de deffunt noble homme Jacques de la Rochette,
son père en son vivant seigneur de Dollainville et
dudit Bruières en partie, vend à
noble homme Claude Daubray, seigneur de
Bruière, c'est à savoir :
- la moitié d'une quatrième partie en la
moitié de tout ce qui a appartenu audit deffunt de la
Rochette en la terre et seigneurie de Bruyères et la
moitié de la moitié de la seigneurie dudit
Dollainville, tant en terres, prez, bois, rivière,
cens, rentes en deniers et volailles, ventes, saisines et
amendes
, droits de haute, moyenne et basse justice,
tabellionage, greffe
, et droits qui ont appartenu
à damoiselle Magdeleine de la Rochette lors
de son décès femme d'Alexandre de
Morant, escuier sieur de Thiboteau, par partage
avec Jehan de la Rochette son frère
aisné, héritiers de leur
frère Charlet religieux et aussi partage faict avec
damoiselle Catherine de la Rochette en son vivant
épouse de feu Jehan Poulliart sieur de la Cane, fille
héritière en partie dudit deffunt de la
Rochette, père commung.
- icelle terre et seigneurie de Bruières tenu en foy
et hommage du roy à cause de son Châtelet,
à la charge de payer 45 livres de rentes pour la
vente ci dessus au commandeur de Saint-Jehan-de-Latran, fait
en l'hostel du seigneur Daubray, paroisse
Saint-André-des-Arts.
Nous arrivons en
1588-1589, période qui produit de nombreux
bouleversements en France. Les états
généraux convoqués par Henri III eurent
lieu à Blois et furent marqués par la
volonté des ligueurs d'obtenir le contrôle
effectif sur le conseil du roi. Le coup de force d'Henri de
Guise échoue et les états se terminent par les
assassinats du duc de Guise, puis, peu après, de son
frère le cardinal Louis II de Lorraine. Les lettres
de provision des princes catholiques unis ensemble avec les
trois états de la France "pour la conservation de
la religion catholique et de l'estat pour la
capitainerie du château de
Montlhéry" sont données le 21
février 1589 au profit de Jacques de la Rochette,
escuyer, seigneur d'Ollainville.
Le bras-de-fer entre
le roi et les Ligueurs continue au cours du printemps 1589.
Toutes les provinces sous l'autorité de la Ligue se
soulèvent contre le "tyran Henri III" qui
s'allie à Henri de Navarre. C'est alors qu'Henri III
est assassiné le 2 août 1589 par le moine
Jacques Clément, un ligueur dominicain. Henri de
Navarre, héritier légitime monte sur le
trône. Ainsi Ollainville faisant partie du domaine
royal est mis à la disposition d'Henri IV qui peut en
disposer "selon son bon plaisir".
En 1592, Jacques de la
Rochette "escuier, seigneur de la Roche d'Ollainville,
capitaine et commandant au chasteau de
Marcoussis" nomme un procureur
Puis le
26 mai de la même année, une instance en
justice est faite par Jacques de la Rochette escuier,
seigneur de la Roche d'Ollainville, capitaine du
château de Montlhéry, demandeur et Denis
Rousseau, fermier du domaine du roy dudit Montlhéry
pour une somme de cent livres. Le 15 septembre 1594,
à l'encontre de Philbert Rathelin, gouverneur du
chasteau d'Ollainville, un exploit est donné
"sur lequel ledit défaut du 8 août 1594
aurait été obtenu afin d'adjudication par
Guillaume Lanoullier, marchand demeurant à
Chastres".
Catherine
de Bourbon
En décembre
1595, par le brevet daté de Follembray, sa
majesté le roi Henri IV donne la terre et
seigneurie d'Ollainville à sa sur unique
Catherine de Bourbon. Cette princesse était
pareillement à sa mère Jeanne d'Albret une
huguenote insoumise, et de plus une des ferventes
féministes de son temps. Catherine avait une vive
passion pour son cousin Charles de Bourbon-Soissons, mais
son frère Henri IV, après une volte-face dont
il avait goût, s'opposait maintenant à ce
mariage. Pour raisons de politique, le traité de
Saint-Germain-en-Laye, signé entre le ligueur,
Charles III de Lorraine, et Henri IV, destinait la sur
du roi à être mariée à Henri, le
fils aîné de Charles. Les accords de mariage
furent signés le 13 juillet 1598. C'est, sans doute
pour "bien doter" sa sur qu'Henri IV lui avait
fait de nombreux présents dont la terre
d'Ollainville.
Mais l'affaire ne
s'arrêta pas là, car marier une calviniste
convaincue à un ancien membre de la Sainte Ligue
était une aventure d'autant plus périlleuse
que la fiancée intransigeante s'opposait à
tout compromis (3).
"Peut-être y a-t-il de grands avantages, mais je
n'y trouve pas mon compte" disait-elle. Elle refusa de
se convertir. Il fallait donc une dispense du pape pour que
le mariage soit possible entre des personnes de religions
différentes. Et, cerise sur le gâteau, le pape
Clément VIII se déclara opposé au
mariage le 29 décembre 1598. Mécontent, Henri
IV décida de brusquer les choses et intimida Philippe
du Bec, l'archevêque de Reims, afin qu'il accorde une
autorisation de mariage. Les noces furent
célébrées le 31 janvier 1599 au
château de Saint-Germain-en-Laye.
Le 18 février
1596, Jacques de la Rochette, escuyer seigneur de la roche
Dollainville, demeurant à Arpenty, paroisse de
Bruyères, dote sa fille "lequel en la
présence de sa fille Geneviesve de la Rochette, veuve
de Charles du Chardonnay lui donne 600 escus pour
régulariser son engagementenvers le
défunt".
Un brevet du don de la
terre d'Olainville fait par le roy Henry IV à Madame
la duchesse de Bar du mois de décembre 1595 est
registré à la Chambre des Comptes
l'année suivante. Le château d'Ollainville ne
reste pas longtemps dans les mains de Catherine qui,
étant fâchée avec son frère,
séjourne à Nancy. Finalement la duchesse de
Bar se sépare d'Ollainville en l'an 1600.
François
de la Grange
En 1600, devant deux
notaires parisiens, la marquise d'Uxelles acquiert
Ollainville et ses dépendances. Cette dame
représente "Messire François de
La Grange, seigneur de Montigny, qui avait acquit
la dite terre du fondé de procuration de
très haute et très puissante
princesse Madame Catherine, sur unique du roy de
France Henry quatre, princesse de Navarre, duchesse de
Bar". Le fondé de pouvoir en question
est Messire Octavien Douy, sieur d'Attichy, "conseiller
du roy en ses conseils d'estat et prince intendant
général de la maison et des finances de
très haulte et puissante et vertueuse princesse
Madame Catherine, sur unique du roy, princesse de
Navarre, duchesse de Bar et d'Albret, comtesse d'Armaignac
et de Roddon, vicomtesse de Limoges et de Fezansaguet,
femme et espouse de très hault et
très puissant prince Monseigneur Henry de
Lorraine, duc du duché de Bar, marquis de
Pont-à-Mousson". L'homme d'affaire de la duchesse
confesse avoir vendu "ce qui a esté acquit par le
deffunt roi, la terre cy après déclarée
du feu sieur Benoist Millon, à
François de La Grange, seigneur de
Montigny, chevalier des ordres du roy, cappitaine
de 50 hommes d'armes de son ordonnance, maistre de camp de
la cavalerie, la maison terre et seignerye
Dollainville consistant en maison ou
château seigneurial, court, basse-court, fossez
allentours, jardins, boys, vignes, parc, prez, terres
labourables, en tel estat quilz sont à
présent,
, appartenant à madite dame au
moyen du don à elle faict par le roy par lettres
patentes".
Vient ensuite la
formule d'usage "
ledit sieur de Montigny disant
bien savoir congnoistre mouvant du roy
" moyennant
la somme de 10.000 escus d'or sol. Cette somme est
utilisée apparemment pour régler des
créanciers de "la défunte reyne mère
d'un hotel à Paris rue des Deux-Escus, paroisse
Saint-Eustache". Il s'agirait donc d'une vieille
créance de la reine de Navarre Jeanne d'Albret que sa
fille est amenée à honorer. Suit la
procuration donnée par Catherine à Octavien
Douy, sieur d'Attichy, pour vendre la seigneurie
d'Ollainville, avec paiement des créanciers de
l'hôtel rue des Deux-Escus, "adjugé à
la feu reyne mère, au moyen du règlement
d'Ollainville". La vente est ratifiée à
Bar le 21 juillet 1600 par la duchesse de Bar et par
Monseigneur le duc de Bar, le 18 décembre devant un
notaire de Nancy. Un procès-verbal de visite est
établi le 16 août 1600 montre que l'inventaire
de la maison seigneuriale d'Olinville dura cinq jours. Le 12
août, une quittance de 10.000 escus d'or est
délivrée à messire du Tillet pour le
paiement effectué par le sieur de La
Grange.
L'hommage de la terre
et seigneurie d'Ollainville est rendu le 8 mai 1601 aux
mains du chancelier par messire François de la
Grange, seigneur de Montigny et de Dollainville, chevalier
des ordres, capitaine de 50 hommes d'armes des ordonnances,
maître de camp des ordonnances, lieutenant
général du roi en la vicomté de Paris
acquéreur de ladite terre. Le 16 juin 1609, un
traité est signé entre Messire de Montigny,
seigneur Dolinville et Jean Lambert, fondé de
procuration de Claude Daubray, seigneur de Bruière,
devant Vacher notaire à Chastres. Au cours du mois
suivant, damoiselle Claude Landais, femme de feu Jaques de
la Rochette, vivant escuier, seigneur de la Roche
Dolainville, et auparavant de feu Prejean Tivis, confesse
avoir reçu 1.200 livres de principal de Pierre
Saulnier. Une transaction entre le seigneur Dolinville et
Marie Daubray et consort sur les limites de la terre est
passée le 16 juillet devant les notaires Tronson et
Desmarquest.
Bien que ne concernant
plus Ollainville, nous pouvons citer l'affaire des
créances de Madame la duchesse de Bar qui n'est
toujours pas éteinte puisque le 7 novembre 1618,
Jehan Mauconduit, sieur du Ninad, sindicq des
créanciers de feue madame la duchesse de Bar,
sur unique du feu roy Henri le grand, qui
avoit droit de sa dite seure majesté, des amandes et
confiscations provenant des crimes de fausse monnoye et
autres malversations, iceux deniers destinés au
paiement des debtes de la feue duchesse de
Bar.
----------------------
Notes :
(1)
Différentes orthographes sont rencontrées :
Million, Million ou Milon. C'est cette
dernière qui est la plus courante.
(2)
Philippe Hurault, 1528-1599, chevalier comte de Cheverny et
de Limours, conseiller au parlement de Paris, maître
des requêtes et représentant le roi dans le
comté de Montfort époux d'Anne de Thou.
(3)
Les épistoliers du temps ont dit qu'après son
mariage, la duchesse de Bar alla même jusqu'à
faire venir des pasteurs calvinistes auprès d'elle.
Elle mourut en 1604 sans donner d'enfants à Henri de
Lorraine. Veuf, ce dernier se remaria avec Marguerite de
Mantoue, nièce de la reine.